La première session du congrès EONS 2023 avait pour thème la promotion de la santé, la prévention et le dépistage. Dans ce cadre, six experts ont fait des présentations. Après un mot de bienvenue de la présidente de session Constantina Cioconi, Celia Diez de los Rios de la Serna a abordé le sujet de la génétique et de la prévention. Ensuite, Lena Sharp a parlé des initiatives visant à mieux positionner la prévention du cancer en Europe. Nikolina Dodlek a ensuite abordé les défis liés à la promotion de la santé chez les jeunes. Puis, Sophie Mulcahy Simmons a mis en lumière les problèmes liés au dépistage du cancer dans les milieux socialement défavorisés. Hyangkyu Lee a présenté des méthodes pour mieux évaluer la vulnérabilité des patients âgés atteints de cancer. Enfin, Amanda Drury a exposé ses recherches sur la sous-représentation des études sur les adultes plus âgés vivant avec ou après un cancer.
En tant que première intervenante de cette première session de l’EONS 2023, Celia Diez de los Rios de la Serna (Espagne) a pris la parole. Elle a présenté le rôle important de la génétique dans la prévention et le traitement du cancer, appelant à la sensibilisation et à l’éducation. Celia Diez a partagé son expérience en tant qu’assistante de recherche à l’Université de Glasgow et enseignante dans deux universités espagnoles. Elle a souligné l’importance de la génétique et de la génomique dans la compréhension du cancer, et comment ces connaissances influent sur les traitements et la compréhension des effets sur le corps des patients. Elle a exprimé son inquiétude quant au manque d’attention porté à la prévention dans la pratique clinique, plaidant en faveur d’une approche plus holistique encourageant les patients à contribuer activement à leur bien-être. Elle a insisté sur l’importance du mode de vie, citant des recherches récentes montrant que l’exercice physique peut aider à prévenir le cancer. Celia a révélé qu’elle travaille actuellement sur une thèse portant sur le rôle des infirmières dans la promotion de modes de vie sains chez les personnes ayant une prédisposition génétique au cancer. Elle a conclu en appelant à une sensibilisation et à une éducation accrues sur la génétique et le cancer, avec une attention particulière aux besoins des patients présentant une prédisposition génétique, et en appelant à davantage de collaboration et de conférences sur ce sujet crucial en oncologie.
La deuxième présentation a été donnée par Lena Sharp de Suède, sur le thème “PrEvCan – Prévenir le cancer en Europe”. Elle a parlé de l’initiative Redken, une campagne de prévention du cancer lancée par le groupe de travail de plaidoyer de l’EONS. Cette campagne, d’une durée de 12 mois, s’est achevée en septembre de cette année. L’objectif était de sensibiliser un large public, avec une attention particulière aux groupes vulnérables, à des informations basées sur des preuves pour réduire le risque de cancer. Le financement a été un défi, mais malgré les refus des demandes à l’UE, l’équipe a réussi à mener la campagne avec un budget limité. La campagne comprenait 12 recommandations basées sur le Code européen contre le cancer et ciblait différents groupes, dont le grand public, les patients, les professionnels de la santé et les décideurs politiques. Elle impliquait des éléments tels que la conception graphique, des messages, des films, des webinaires et des séminaires dans 25 langues. Des partenaires, dont des organisations de santé et des universités, ont été impliqués à différents niveaux, de la diffusion d’informations sur les médias sociaux à l’organisation de leurs propres activités de prévention. Une étude de groupe focal a été menée pour comprendre la perception de la prévention du cancer parmi les groupes vulnérables, ce qui a conduit à des ajustements dans le contenu de la campagne. Lena a partagé quelques citations soulignant que les recommandations individuelles doivent être soutenues par des structures claires au niveau individuel et sociétal, car les groupes vulnérables sont souvent confrontés à une exposition involontaire aux facteurs de risque de cancer. Les expériences des partenaires varient, mais il y a des retours positifs sur l’augmentation de la demande de services d’arrêt du tabac et la prise de conscience de la relation entre le cancer et l’obésité. La campagne a bénéficié d’une attention médiatique considérable, contribuant à la sensibilisation.
Le troisième intervenant était Nikolina Dodlek de Croatie. Sa présentation portait spécifiquement sur le thème “Jeunes et prévention du cancer”, mettant l’accent sur un changement culturel dans les soins de santé. Elle a mentionné deux études récentes, l’une réalisée en Croatie sous forme d’une enquête transversale auprès des jeunes de 18 à 35 ans. Les résultats ont montré que la moitié de ce groupe ne communique pas sur la prévention de la santé et les dépistages, malgré une éducation de base sur ces sujets. La deuxième étude portait sur six sous-groupes de population différents, mettant l’accent sur les jeunes ayant ou n’ayant pas d’expérience du cancer. Nikolina a partagé quelques commentaires de groupes de discussion, où les jeunes ont indiqué qu’ils ne savent parfois pas comment réagir aux messages de prévention et aux dépistages. Il existe un manque de confiance envers le gouvernement, les enseignants et les professionnels de la santé. La dépendance financière et les facteurs culturels jouent également un rôle dans le fait de suivre ou non des mesures préventives. Nikolina a conclu en formulant des recommandations pour atteindre les jeunes de manière plus efficace, notamment en utilisant des plateformes populaires comme Netflix et des événements sportifs. Elle a souligné que le soutien et l’autonomisation des jeunes sont cruciaux pour provoquer un changement culturel.
En tant que quatrième intervenante, Sophie Mulcahy Symmons d’Irlande a pris la parole. Elle est étudiante en troisième année à l’University College Dublin et mène des recherches sur la sensibilisation au dépistage cervical au sein de groupes socialement défavorisés en Angleterre. Sophie a donné un aperçu des différents groupes moins enclins à participer au dépistage et a souligné la compréhension de la position socio-économique, de l’éducation et des facteurs culturels comme essentielle pour des interventions efficaces. Ses recherches en Irlande ont montré que certains groupes, tels que ceux avec un faible niveau d’éducation, une faible position socio-économique et les membres de la communauté LGBTQ+, sont moins susceptibles de participer au dépistage cervical. Au niveau européen, Sophie a souligné l’importance de comprendre les raisons pour lesquelles certaines populations ne participent pas au dépistage. Elle a présenté un tableau complexe des facteurs systémiques, de service et individuels qui influent sur la participation au dépistage en Europe. Les thèmes clés comprenaient la fourniture d’informations correctes, l’influence des facteurs structurels et culturels sur l’accessibilité, et l’identification des non-participants. Pour promouvoir le dépistage cervical, Sophie a souligné le rôle des professionnels de santé de confiance, tels que les infirmières, qui doivent mener des conversations sensibles. Des formations culturellement compétentes ont été recommandées pour impliquer différentes communautés.
Ensuite, Hyangkyu Lee de Corée du Sud a pris la parole. Sa présentation concernait l’importance de l’indice de vulnérabilité basé sur les dossiers médicaux chez les patients âgés atteints de cancer. La fragilité est un concept issu de la gériatrie, un syndrome lié au vieillissement, impliquant un déclin physiologique et divers facteurs tels que l’humeur, la dépression, la cognition et l’alimentation. Hyangkyu a souligné que la fragilité augmente le risque d’issues défavorables, telles que l’hospitalisation, la durée du séjour et la mortalité. Elle a mentionné les défis liés à l’évaluation de la fragilité, notamment l’absence d’un instrument diagnostique standard et la nature chronophage des outils existants. Elle a examiné des méthodes alternatives et a présenté l’indice de fragilité basé sur les dossiers médicaux comme une approche simple et rapide. Hyangkyu a discuté d’une étude rétrospective portant sur 268 patients atteints de cancer colorectal, utilisant des données de dossiers médicaux électroniques pour mesurer la fragilité. Elle a conclu que l’indice de fragilité basé sur les dossiers médicaux était une alternative simple et réalisable, mais a reconnu la nécessité d’analyses et d’ajustements supplémentaires.
La dernière présentation de cette session était celle du Dr. Amanda Drury d’Irlande. Elle est professeure agrégée de soins infirmiers généraux à la School of Nursing, Psychotherapy and Community Health de Dublin, et a partagé une étude de priorités axée sur les personnes âgées vivant avec et après un cancer. Elle a souligné que ce groupe est souvent sous-représenté dans la recherche, malgré un taux élevé de diagnostics de cancer. Amanda a mis en lumière les défis liés à l’implication des personnes âgées dans la recherche, notamment la santé, le bien-être, la fonctionnalité et le manque de compréhension tant des patients que des chercheurs. L’étude comportait deux phases, des entretiens pour identifier les priorités, puis une enquête distribuée auprès des personnes âgées, des prestataires de soins et d’autres professionnels. Les résultats ont montré un consensus sur d’importantes priorités de recherche, notamment la reconnaissance précoce des symptômes du cancer, la recherche sur le traitement du cancer, le soutien pour l’évaluation et le traitement des comorbidités, et l’impact de la Covid-19. Amanda a souligné l’importance d’impliquer les personnes âgées dans la détermination des orientations de recherche, notant que leurs perspectives diffèrent souvent de ce que les professionnels de la santé considèrent comme prioritaire. Elle a conclu que cette étude fournit une base pour des recherches futures, en tenant compte des différences culturelles et géographiques.