Leucémie : Une nouvelle basée sur l’ARN messager qui pourrait tout changer

janvier 2024 Actualités Isabelle Van Lint

Une percée récente dans le domaine de l’épigénétique de l’ARN pourrait apporter une transformation majeure dans la manière dont nous comprenons, diagnostiquons et traitons les leucémies, selon une étude dirigée par François Fuks et son équipe du Laboratoire d’Épigénétique du Cancer à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et à l’Institut Jules Bordet, Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B.).

Chaque année en Belgique, environ 1 300 nouveaux cas de leucémie sont recensés, touchant l’ensemble de la population. Les leucémies représentent un tiers des diagnostics de cancer chez les enfants. Bien que la chimiothérapie demeure le traitement principal, la cause exacte de nombreuses leucémies reste énigmatique.

Décryptage de l’ARN messager

Dans une publication de Molecular Cell, les chercheurs de l’ULB et de l’Institut Bordet explorent une approche novatrice basée sur l’ARN messager (ARNm), récemment médiatisé grâce aux vaccins contre la COVID-19. L’étude se penche sur des thérapies anti-cancéreuses inédites, en particulier en se concentrant sur la méthylation de l’ARN messager (m5C).

Les travaux du Prof. François Fuks ont révélé un nouveau lecteur d’ARN, SRSF2, qui joue un rôle central dans le développement des leucémies. Le gène SRSF2 est fréquemment muté dans jusqu’à 50% des cas de certains types de leucémies. Les chercheurs ont identifié que la protéine SRSF2 lit la modification m5C dans l’ARN, et que sa mutation altère sa capacité à réguler les ARN messagers, ouvrant ainsi une voie jusqu’ici insoupçonnée vers les leucémies.

Diagnostic et traitement personnalisés

Ces découvertes pourraient transformer fondamentalement le diagnostic et le traitement des leucémies. Une nouvelle approche diagnostique pourrait cibler spécifiquement les patients à pronostic vital défavorable, chez qui la fonction de « lecteur m5C » de SRSF2 est altérée. De plus, une thérapie ciblée pourrait être envisagée en développant un inhibiteur rétablissant la lecture correcte de m5C par SRSF2, offrant ainsi un nouvel espoir pour les patients porteurs de la mutation.

Un avenir prometteur

Ces découvertes, publiées dans la revue Molecular Cell, représentent une avancée significative dans l’ère en plein essor de l’ARN. Elles ouvrent de nouvelles perspectives pour la compréhension des leucémies et pourraient conduire à des traitements plus efficaces et personnalisés. Le travail est soutenu par plusieurs organismes de recherche, soulignant l’importance de cette avancée pour la communauté médicale et les patients atteints de leucémie en Belgique et au-delà.