Croissance post-traumatique des patients ayant survécu à un cancer de la tête et du cou

août 2024 Recherche clinique Diede Smeets

Les patients peuvent subir les effets du cancer sur le long terme. Survivre à un cancer peut entraîner pour le patient des changements psychologiques positifs et une croissance émotionnelle. La science médicale s’intéresse de plus en plus à cette croissance post-traumatique (CPT). Récemment, le European Journal of Oncology Nursing a publié les résultats d’une étude sur les facteurs affectant la CPT chez les patients ayant surmonté un cancer de la tête et du cou.

Les traitements du cancer de la tête et du cou (généralement la chimiothérapie et la radiothérapie) laissent parfois des marques très visibles. L’irradiation, en particulier, peut provoquer des lésions tissulaires évidentes au niveau du visage et du cou. Il peut en résulter un impact négatif sur la qualité de vie des patients. Certains patients atteints de cancer présentent une CPT après leur traitement. Les facteurs qui contribuent à la CPT après un cancer sont pour la plupart méconnus.

Nouvelle recherche

Une étude récente s’est penchée sur l’expérience des « survivants » du cancer de la tête et du cou. Au moyen d’entretiens, les chercheurs ont réussi à identifier un certain nombre de facteurs susceptibles de contribuer à la CPT chez ces patients. Au total, 20 personnes ont été interrogées au plus tard cinq ans après leur traitement pour un cancer de la tête et du cou. Les entretiens ont porté sur l’expérience des patients en matière de diagnostic, de traitement et de rétablissement après le traitement.

Amis et famille

Ainsi, les réactions positives et le soutien de la famille proche, des amis et du personnel soignant se sont avérés très importants pour les patients interrogés. Certains d’entre eux ont renforcé les liens qui les unissaient à leurs proches ou ont noué des amitiés au sein même de la salle d’attente de l’hôpital. D’autres patients, en revanche, ont déclaré que leurs proches étaient cause de stress et d’inquiétude supplémentaires, par exemple lorsqu’ils devaient informer leurs enfants ou leurs parents du diagnostic. Parfois, le diagnostic de cancer a même entraîné la perte d’une amitié. Un certain nombre de patients ont indiqué avoir reçu des réactions négatives sur leur apparence après le traitement, de la part d’inconnus mais aussi de connaissances et d’amis.

Attitudes sociales

De nombreux participants avaient un membre de la famille ou un ami atteint d’un cancer. Leur expérience a influencé le point de vue des patients interrogés sur leur propre diagnostic. Autre point, les patients estiment que les médias stigmatisent le fait d’être atteint d’un cancer. Ainsi, dans le cas du cancer de la tête et du cou par exemple, la relation avec le tabagisme et/ou l’alcool est souvent mise en évidence dans les médias. Quant aux patients atteints d’un cancer de la tête et du cou à HPV positif, ils ont éprouvé des difficultés à en parler avec leurs proches en raison de la stigmatisation liée aux infections sexuellement transmissibles.

Travail et finances

Presque tous les patients ont exprimé leur gratitude quant à leur sécurité financière, qu’il s’agisse d’une pension ou d’un congé de maladie rémunéré. Cette sécurité financière et/ou le soutien de l’employeur après le traitement ont amené les patients à réfléchir à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cette remise en question a conduit plusieurs patients à lever le pied professionnellement. Le retour au travail n’a pas toujours été simple pour les patients, mais globalement la reprise d’une vie professionnelle normale a été jugée positive.

Conclusion

Cette étude a mis en évidence un certain nombre de facteurs susceptibles de contribuer à la croissance post-traumatique chez les patients atteints d’un cancer de la tête et du cou. Toutefois, pour prédire et stimuler la CPT, des recherches plus approfondies doivent être menées. Ainsi, la CPT pourrait peut-être être utilisée à l’avenir afin d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer.

Sources

Watson L, Sharp L, Patterson JM, et al. People, places, systems and society. A qualitative exploration of socio-cultural factors in head and neck cancer survivorship. Eur J Oncol Nurs 2024;102682.