Impact de la perte de poids sur les biomarqueurs de la progression du cancer de la prostate

novembre 2024 Mis en avant Niels Elbert

Chez les patients atteints de cancer de la prostate présentant une tumeur de petite taille et peu agressive, un suivi actif (« active surveillance ») est de plus en plus souvent choisi en concertation avec le médecin et l’infirmier(e) spécialisé(e).¹ Malgré les avantages de cette approche, un nombre considérable de patients en surveillance active doit finalement recourir à un traitement définitif, tel qu’une intervention chirurgicale ou une radiothérapie, en raison de la progression de la maladie.

Insuline et glucose

Il existe des indications que le surpoids et l’obésité sont associés à un risque accru de progression du cancer de la prostate.² Les personnes en surpoids ou obèses sont moins sensibles à l’insuline produite par leur propre corps, ce qui diminue l’absorption du glucose sanguin. On sait qu’insuline et glucose jouent un rôle majeur dans la croissance des cellules tumorales et que les cellules cancéreuses de la prostate montrent une surexpression des récepteurs d’insuline.³

PALS

Chez les patients atteints de cancer de la prostate souffrant également de surpoids ou d’obésité et en surveillance active, la perte de poids peut être associée à une amélioration des biomarqueurs sanguins de la régulation du glucose liés à la progression du cancer de la prostate. Ceci a été examiné dans l’étude Prostate Cancer Active Lifestyle Study (PALS).⁴

Conception de l’étude

PALS est une étude randomisée réalisée aux États-Unis.⁴ Des hommes atteints de cancer de la prostate (groupe de grade 1 ou 2, stade ≤T2a et PSA <20 ng/ml) et en surpoids ou obésité (IMC ≥25 kg/m²) sous surveillance active ont été répartis aléatoirement dans le groupe d’intervention ou le groupe de contrôle. L’intervention consistait en un programme individuel de régime et d’exercice pendant six mois. Les participants du groupe témoin ont participé à une seule séance portant sur les directives américaines en matière de nutrition et d’exercice physique. Le principal critère de jugement était le changement dans les biomarqueurs sanguins de la régulation du glucose (glucose plasmatique à jeun, C-peptide, insuline, facteur de croissance de type insuline 1 [IGF-1], protéine de liaison de l’IGF-1 [IGFBP-3], adiponectine et modèle d’évaluation de l’homéostasie [HOMA]) après six mois.

Résultats

Au total, 100 des 117 patients randomisés atteints de cancer de la prostate ont terminé l’étude. Le pourcentage de perte de poids était en moyenne de 7,1 % dans le groupe d’intervention, contre 1,8 % dans le groupe de contrôle (différence [IC 95 %] : -6,0 kg [-8,0 à -4,0]). La variation moyenne en pourcentage des biomarqueurs sanguins de l’insuline (-23,0 % vs. +6,9 %), du C-peptide (-16,0 % vs. +7,5 %) et de l’indice HOMA (-25,0 % vs. +6,4 %) était significativement plus élevée dans le groupe d’intervention comparé au groupe de contrôle (toutes les valeurs de p ≤0,003). Aucun écart n’a été observé pour les autres biomarqueurs entre les deux groupes.

Conclusion

Un programme individuel de régime et d’exercice conduit chez les patients atteints de cancer de la prostate en surpoids ou obèses sous surveillance active non seulement à une perte de poids, mais aussi à une amélioration des biomarqueurs sanguins de la régulation du glucose, en lien avec la progression du cancer de la prostate.

Références

1 : Mahal BA, Butler S, Franco I, et al. Use of active surveillance or watchful waiting for low-risk prostate cancer and management trends across risk groups in the United States, 2010-2015. JAMA 2019;321:704-6.

2 : Bhindi B, Kulkarni GS, Finelli A, et al. Obesity is associated with risk of progression for low-risk prostate cancers managed expectantly. Eur Urol 2014;66:841-8.

3 : Cox ME, Gleave ME, Zakikhani M, et al. Insulin receptor expression by human prostate cancers. Prostate 2009;69:33-40.

4 : Wright JL, Schenk JM, Gulati R, et al. The Prostate Cancer Active Lifestyle Study (PALS): a randomized controlled trial of diet and exercise in overweight and obese men on active surveillance. Cancer 2024;130:2108-19.